Comment cultiver l’altruisme grâce à votre cerveau

Les recherches actuelles préparent l’homme à des changements radicaux pour lui-même et pour toute l’humanité. Retranscription de l’émission d’ARTE du 26/02/16 « Vers un monde altruiste ? ».

Comment cultiver l'altruisme

Voici les notes que j’ai le plaisir de transcrire pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de voir cette émission porteuse d’espoir pour toute l’humanité.

 

L’homme est un loup pour l’homme

Cette notion, couramment admise, nous est inculquée depuis la théorie de l’évolution de Darwin. Seuls peuvent survivre les plus forts, les plus compétitifs. Dévorer ou être dévoré.

Pourtant les dernières recherches scientifiques, notamment en neurosciences qui étudient le cerveau, démontrent qu’il s’agit là d’une perception faussée du monde.

Les médias nous relayent les catastrophes et actes criminels qui font beaucoup plus d’audience que les actes d’entraide et de coopération. Or sans cette entraide, aucun être humain n’aurait survécu.

Les recherches actuelles préparent l’homme à des changements radicaux pour lui-même et pour toute l’humanité.

Vive la révolution de l’Altruisme (Mathieu Ricard)

Après chaque catastrophe (comme l’ouragan Katrina), les médias nous montrent en boucle les scènes de pillages, de violence, et des comportements antisociaux. Or des milliers de données recueillies après 700 catastrophes prouvent que les comportements d’entraide et de partage sont largement majoritaires, de même que risquer sa vie pour sauver celle des autres est un élan spontané.

Contrairement aux cas isolés d’actes criminels, largement relayés, on voit des milliers de personnes attendant patiemment l’entraide humanitaire et ceux qui sont valides organisant les secours pour les autres.

Intervention de Daniel Batson, Docteur en psychologie : L’égoïsme existe et nous verrons pourquoi, mais nous sommes capables de nous préoccuper des autres, d’agir pour l’intérêt des autres.

A l’origine de cette capacité : l’empathie

L’empathie est notre aptitude innée à entrer en résonance avec l’autre et à ressentir ce que l’autre ressent.

Les neurosciences nous enseignent comment nous comprenons l’autre, ses émotions, sa douleur. Quand nous ressentons nous-mêmes une douleur ou quand nous voyons souffrir une personne avec laquelle nous sommes en résonance, c’est la même zone de notre cerveau qui est activée. Dans les deux cas, le message est transmis au cortex insulaire. L’empathie envers la souffrance de l’autre active la même zone du cerveau que notre propre souffrance.

Le langage de l’empathie est universel

Nous montrons nos émotions (colère, joie, dégoût…) et ceux qui nous voient peuvent les imiter. Il y a 7 émotions reconnues partout dans le monde :

  • La colère,
  • La peur,
  • La surprise,
  • Le mépris,
  • La joie,
  • Le dégoût,
  • La tristesse.

Dès la toute petite enfance, le bébé est capable d’identifier ces émotions. Et le reportage montre de nombreuses expériences à ce sujet. Le bébé est également capable d’altruisme, sans aucune récompense. La coopération serait naturelle.

Un bébé fait-il la différence entre le bien et le mal ? Dès l’âge de 3 mois, l’enfant reconnaît la notion d’équité, de justice. Nous naissons tous avec la capacité de distinguer le bien du mal.

Les chimpanzés, réputés agressifs et coléreux, sont également capables d’altruisme. Ils aident leurs congénères spontanément, sans qu’on le leur demande, sans en retirer de récompense.

Nos ancêtres communs possédaient cette capacité. Les primates sont violents et agressifs d’un côté, coopérateurs de l’autre. Parfois tueurs, mais aussi capables de réconfort et de consolation en cas de détresse.

Les enfants aussi consolent leurs parents.

La coopération est largement répandue dans le monde vivant

Au principe de Darwin, de sélection naturelle et de compétition, de lutte pour la vie, s’oppose celui de coopération.

D’où viennent les instincts de vouloir aider l’autre, même si on ne le peut pas ?

Il existe 3 motivations principales :

  • La réciprocité directe: je vous aide, donc vous m’aidez ou m’aiderez ;
  • La réciprocité indirecte: je vous aide pendant que d’autres m’observent : c’est la préoccupation du regard des autres ;
  • La sélection spatiale de groupe: entre voisins, l’entraide est plus aisée, plus naturelle.

La coopération est plus efficace que la compétition (il est plus facile de surmonter un danger en groupe, nos ancêtres l’avaient bien compris).

Alors pourquoi tous ces conflits ?

Comme les bébés, nous préférons et soutenons les gens comme nous, ceux qui nous ressemblent, qui partagent nos goûts. Il y a ceux dont nous nous soucions et les autres. La frontière entre eux et nous est à l’origine des problèmes dans le monde.

Elle apparaît très tôt : préférence pour les uns, exclusion des autres. L’empathie disparaît, la compassion disparaît. Nous sommes enfermés dans notre cercle familier.

Et dans ce cas, une autre zone du cerveau est activée : quand on voit souffrir un adversaire et qu’on s’en réjouit, c’est le circuit de la récompense qui est activé !

 

Comment cultiver l’altruisme ?

Comment élargir le cercle de nos préférences pour notre communauté et diminuer les conflits ?

Les études montrent toutes que la transformation est possible.

Exemple de Mathieu Ricard : A l’origine, il est chercheur en biologie moléculaire. Ses 40 ans de pratique de la méditation bouddhiste, de réflexions et de travail sur l’altruisme et la bienveillance l’ont conduit à réaliser un programme d’action pour aider l’humanité à relever le défi.

Les études, tests et expériences sont menés depuis de nombreuses années sous la direction de Richard Davidson de l’Université du Wisconsin, à Madison.

Le travail de ces neuroscientifiques a pour but d’éduquer l’esprit humain à une vie sociale plus altruiste et plus épanouie. La diffusion des résultats de ces recherches vise à agir positivement sur le monde.

Cultiver l'altruisme avec la méditationA la base de ce travail, il y a l’observation du cerveau de personnes ayant de nombreuses heures de pratique de la méditation. Les chercheurs ont étudié le cerveau de ces pratiquants pendant la méditation. Il en ressort, en premier lieu, une augmentation des ondes gamma. La régulation de l’activité mentale et de l’attention induit des changements structurels et fonctionnels dans le cerveau.

Les chercheurs ont ensuite élargi leurs investigations à des sujets n’ayant aucune pratique de la méditation. En seulement deux semaines d’entraînement, à raison de 30 minutes de méditation par jour, ils ont observé des changements dans le cerveau, confirmant sa plasticité :

Contrairement à certaines idées reçues, le cerveau est un organe plastique qui crée chaque jour, non seulement d’innombrables connexions entre les neurones, mais aussi des milliers de neurones en fonction de ses besoins.

Eveil de la bonté, de la bienveillance et de l’altruisme par la méditation

Se concentrer sur l’entraide dans le monde développe la générosité et la bienveillance. Les expériences ont été menées dans des écoles et des collèges : les séances comportent des exercices de respiration, de détente et de concentration sur la coopération et des principes simples comme de gentillesse et l’expression de gratitude.

Les résultats sont éclatants : hausse des comportements généreux, diminution des conflits et de l’égocentrisme. Le cercle s’est élargi. Ces pratiques ont permis aux élèves de voir plus grand, de se sentir plus connectés.

Un jour viendra où les enfants, dès l’école, étudieront la concentration, la méditation et l’altruisme, au même titre que les autres matières comme le sport. Dans ces écoles pilotes, l’entraînement a lieu tous les jours, à raison de 15 minutes matin et soir, avant et après les cours. Les écoles choisies sont situées dans des quartiers déshérités où la violence et les crimes sont omniprésents.

On leur apprend notamment à inspirer, puis à expirer en laissant sortir les émotions négatives. Il est émouvant de voir tous ces enfants se détendre et se concentrer avec sérieux. Le programme de méditation a pour effet une diminution des conflits, une amélioration de l’attention et du travail scolaire.

Pourtant, trop d’empathie peut être dangereux !

Trop d’empathie risque d’entraîner une trop grande résonance affective : on souffre comme l’autre. C’est pourquoi il est utile de se protéger si on se connecte à la souffrance de l’autre.

C’est le rôle de la compassion : elle enveloppe l’empathie d’un sentiment chaleureux de sollicitude et d’élan vers les autres, en souhaitant que leur douleur cesse.

Programme d’entraînement mental pour le personnel soignant

A l’hôpital, 60 % des personnels soignants souffrent de burn out. Ils sont en première ligne, vidés, épuisés, sous tension permanente.

Le programme consiste en un entraînement quotidien de 30 minutes, pour modifier le comportement face au stress, aux situations traumatisantes et à la mort. Cet entraînement améliore le travail en équipe, la réduction du stress, l’ouverture aux autres.

L’entraînement à la bienveillance et à l’altruisme est aussi un entraînement au BONHEUR

Le bonheur de donner et de s’entraider se propage dans les réseaux sociaux, comme une sorte de contagion sociale. Elle a un impact sur ceux qui vous observent et eux-mêmes ont un impact, à leur tour, sur leur réseau. C’est un système qui se diffuse en cascade, un contrepoids non négligeable à tous les messages négatifs.

 

L’altruisme est-il compatible avec le système économique mondial ?

L’apologie de l’altruisme et de la bienveillance vise à réduire les inégalités. Les chercheurs disent qu’il suffirait de 5 minutes par jour pour ouvrir son esprit et pour convertir le système gagnant/perdant en un processus gagnant/gagnant.

Aller vers une économie soucieuse des autres, est-ce une utopie irréaliste ? Les chercheurs se montrent confiants et nous disent : « diffusez le message dans tous vos réseaux. Un geste d’entraide peut changer le monde ».

 

Pour en savoir plus :

Recherches du Docteur Richard Davidson

https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Davidson

 

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