Entre réalité historique et tradition religieuse, voici les origines du Mont Saint-Michel, l’une des 7 merveilles du monde.
Comme un phare gigantesque, le Mont Saint-Michel domine la baie située à la lisière de la Normandie et de la Bretagne.
Enveloppé de brume ou nimbé de lumière changeante, cerné par les eaux à marée haute ou par les sables mouvants à marée basse, le Mont attire le regard, fascine les promeneurs et les pèlerins venus du monde entier.
Son histoire a commencé il y a 1300 ans.
La naissance du Mont Saint-Michel, entre terre et mer
Il était une fois, aux confins d’un désert de sable et d’eau peuplé de brouillards et d’orages propices à l’épanouissement des légendes, un rocher de granite appelé « le mont Tombe ». Statue de pierre tendue vers le ciel, la montagne était la proie du chaos de la nature depuis qu’au VIIIe siècle, la forêt de Scissy, qui l’entourait et s’étendait jusqu’à Brocéliande, avait été engloutie par une tempête démoniaque…
Depuis lors, deux fois par jour, à l’appel du soleil et de la lune, les flots marins se levaient et, à la vitesse d’un cheval au galop, encerclaient le rocher de leur colère d’écume, le retranchant du reste du monde.
L’Archange et l’évêque
A la lisière des nuées célestes et des rivages terrestres, entre ici-bas et au-delà, cette étrange île avait été choisie pour demeure par un divin archange : premier personnage du royaume de Dieu après le Christ, grand ordonnateur du passage dans l’autre monde, Saint-Michel était apparu en songe à l’évêque d’Avranches nommé Aubert, afin que celui-ci lui bâtisse un sanctuaire sur le mont Tombe.
Trois fois le prélat avait vu l’Archange en rêve et, à la troisième apparition, il s’était résolu à exécuter l’ordre du héraut de Dieu.
Le 16 octobre de l’an 709, Aubert consacra l’oratoire dédié à Saint Michel, temple bâti avec les pierres de la montagne, à flanc de rocher.
La source miraculeuse
Dès lors, malgré les dangers qui les guettaient – sables mouvant, marées, tempêtes, brigands -, les pèlerins affluèrent au sanctuaire gardé par douze chanoines bretons vivant de l’aumône des chrétiens, des poissons laissés par la mer sur les rives, des produits des terres et d’une source miraculeuse qu’avait fait jaillir Saint-Michel sur le rocher : la « fontaine Saint-Aubert » (encore visible de nos jours).
Le Mont Saint-Michel : en Bretagne ou en Normandie ?
Au IXe siècle, le roi de France concéda le Mont aux Bretons. Mais la paix bretonne ne dura pas car, en ces temps troublés, un péril nouveau venant de la mer menaçait la région : les hordes barbares de Vikings arrivèrent par le Nord sur leurs étranges drakkars et le roi de France dut abandonner à un pirate scandinave nommé Rollon un territoire qui devint… La Normandie !
En 933, les Vikings menèrent leurs troupes contre les Bretons et les battirent de façon spectaculaire.
Le roi de France dut céder le Cotentin à Guillaume-Longue-Epée, fils de Rollon, et c’est ainsi que le Mont-Saint-Michel devint normand, au grand dépit des Bretons ! La frontière entre les deux territoires voisins et néanmoins ennemis – ennemis pour des siècles ! – à marée basse, est marquée par la rivière Couesnon qui coule aux pieds de cet insigne rocher. Elle constitue toujours la ligne de démarcation entre Bretagne et Normandie…
D’où le dicton populaire : « le Couesnon, dans sa folie, a mis le Mont en Normandie ».
Naissance d’une abbaye bénédictine
Pirates barbares et sanguinaires, les Vikings se convertirent au christianisme et se transformèrent en seigneurs normands. Les ducs normands accordèrent leurs largesses aux clercs du Mont-Saint-Michel, sous forme de dons en argent, en terres et en villages.
Or les chanoines installés au Mont depuis le VIIIe siècle étaient bretons. Le duc de Normandie, Richard Ier, ne tarda pas à concevoir des soupçons sur la loyauté de ces chanoines bretons, dont les mœurs plutôt « relâchées » – selon les légendes normandes – les rendaient plus enclins à partager des agapes avec les habitants du Mont qu’à combler Saint-Michel de leurs dévotions…
C’est pourquoi, en 966, avec l’assentiment du pape, Richard chassa violemment les chanoines du Mont et confia le lieu sacré à 12 moines bénédictins issus d’abbayes normandes…
Et c’est ainsi que commença la légende dorée du Mont-Saint-Michel, façonnée pendant des siècles par les bénédictins, qui n’eurent de cesse d’accroître la renommée de cet endroit, bâtissant une immense abbaye, la plus riche de la région, lieu de culte et de pèlerinage majeur dans toute la chrétienté.
Pour en savoir plus sur le symbolisme du Mont St-Michel
– LA PROMESSE DE L’ANGE (Frédéric Lenoir – Violette Cabesos)
Roman historique navigant entre les bâtisseurs du moyen âge et les historiens contemporains.
Pour une immersion en images
– LA BAIE – Autour du Mont-Saint-Michel (Philippe Bertin – photos de Maurice Chataigner, Alain Dermigny, Sylvestre Dupré)
Hymne à la beauté du Mont et de sa baie. Des photos envoûtantes.
A l’origine de ce blog, il y a mon amour de la peinture ZEN : calligraphie, peinture à l’encre de chine (également appelée « sumi-e » par les peintres japonais), et aquarelle chinoise. Mon entourage m’a encouragée à partager mes savoir-faire et aider les débutants à s’initier, par des démonstrations simples, à cet art millénaire et bienfaisant.
