Thomas Schaller est un peintre de la lumière. Sa palette de couleurs est chaude et limitée intentionnellement.
Sa philosophie s’inspire en partie du Zen et du Bouddhisme. Elle s’exprime souvent à travers l’architecture sacrée du monde entier, mais pas uniquement. L’artiste nous ouvre son cœur et nous offre ses conseils.
Retrouvez quelques conseils de Thomas Schaller dans ce précédent article.
Couleurs complémentaires
Voici la palette de base de Thomas Schaller :
New Gamboge – Jaune de Cadmium – Orange permanent – Rouge écarlate de Pérylène – Alizarine Crimson – Rouge vénitien – Ocre Jaune – Sienne Brûlée – Vert de vessie – Bleu Cobalt – Bleu Outremer – Pourpre impérial – Violet
Dans ses aquarelles, dominent les variations de bleus et oranges, merveilleusement complémentaires, qui lui permettent d’exprimer sa lumière intérieure.
Pour cette aquarelle, j’ai utilisé des violets et des jaunes pour adoucir l’arrière-plan ainsi qu’un vert pale et un brun rouge pour suggérer le château et les feuillages. Mais c’est la force du bleu et de du orange utilisés pour le premier plan qui contribue à donner de la profondeur et suggérer la perspective
Choisir son sujet – Trouver la beauté
« Tout ce qui est beau n’est pas toujours joli » : Voici un des petits rappels que je me fais lorsque je suis à la recherche de bons sujets à peindre. Il est erroné et trop facile de supposer que si un objet, une scène, ne sont pas immédiatement captivants ou visuellement agréables, ils sont indignes d’être peints. Ceci est loin d’être le cas. En vérité, parfois, les endroits les plus spectaculaires, les plus parfaits peuvent offrir une plus belle photo qu’une belle peinture.
La véritable tâche consiste à interpréter, pas seulement imiter ou illustrer, ce qui est. Le plus humble et banal des objets, le paysage industriel le plus sombre, autant que le sujet le plus glorieux, en montagne ou la mer, peut devenir une œuvre magnifique. Tout est dans la façon dont vous choisissez de le voir. Nous connaissons le dicton, « Il n’y a pas de mauvais sujets, que de mauvaises peintures ».
Même si nous avons nos préférences, et tant mieux, je suggère que la beauté est surtout dans la façon dont nous interprétons ce que nous voyons, et comment nous apprenons à regarder en premier lieu. Il est fantastique de pouvoir se rendre dans des endroits exotiques et lointains à la recherche d’inspiration pour nos peintures (et je ne m’en prive pas !)
Mais il est bon de se rappeler qu’ensuite, nous devons « trouver l’art » dans cette scène et transmettre une histoire et le sentiment irrésistible que nous avons eu. Ce qui est vraiment beau, selon moi, dans une peinture, ne se trouve pas tant dans un objet ou une scène spécifique, que dans la vision et le sentiment exprimés dans l’interprétation de cette vue.
Pour résumer, ce n’est pas forcément un spectacle étonnant qui nous donne l’inspiration, mais plutôt l’inverse. Nous trouvons l’inspiration en nous-mêmes pour être en mesure de réagir à cette scène. C’est l’énergie que l’artiste transmet à son œuvre.
La lumière, source d’inspiration
Je demande souvent à mes élèves d’essayer de peindre la lumière qui illumine et donne la vie au sujet. Pensées, idées et réactions à la vaste gamme des effets de la lumière sont toujours les causes de ce sentiment d’inspiration pour moi. J’essaie de voir le monde à travers les modèles – compositions – de l’obscurité et de la lumière.
Et en utilisant mon cas comme exemple, quand nous pouvons commencer à regarder le monde autour de nous d’une manière différente – réalisant que nous sommes les architectes de notre propre inspiration – alors littéralement, de bonnes peintures peuvent être trouvées, n’importe où.
Des œuvres d’art exceptionnelles sont tout autour de nous, partout, qui attendent d’être découvertes.
Dans mon aquarelle « Industrial Landscape in Green » («Paysage industriel en vert), il y a très peu d’éléments de la réalité qui pourraient être décrits comme «beaux» au sens classique. Une grande partie de la peinture montre des objets oubliés, dans un état de délabrement, par un sombre après-midi. Mais c’était un modèle idéal pour les lumières et les ombres, et c’est dans la juxtaposition presque abstraite des formes que j’ai trouvé l’inspiration et la beauté.
Notre voix intérieure
Nous sommes façonnés par nos pensées, nous devenons ce que nous pensons Quand l’esprit est pur, la joie suit comme une ombre qui ne le quitte jamais » (Bouddha)
Dans mes cours, je remarque toujours que l’une des choses que j’aime dans la peinture – à l’aquarelle en particulier – et chez les peintres en général, c’est le fait que nous commençons tous avec les mêmes outils tout simples : quelques pinceaux, du papier, quelques pigments et de l’eau. Mais une centaine d’artistes, avec ces mêmes outils de base, pourrait peindre exactement la même scène. En fin de journée, il y aurait une centaine de résultats complètement différents, et tout à fait uniques.
Certains pourraient dire que cela peut s’expliquer par le talent ou par des niveaux de compétence différents, etc. Oui, ces facteurs peuvent jouer. Mais ce n’est presque jamais tout à fait ce que je vois : Je vois cent artistes, cent individus, qui brillent à travers cent voix différentes en essayant de se faire entendre.
Un des plus grands compliments que je puisse recevoir en tant qu’artiste, c’est quand une personne me dit, « parmi toutes les œuvres dans cette salle, je pouvais dire laquelle était la vôtre. Je la reconnaîtrais partout. » Elle m’aide ainsi à confirmer que je suis sur mon propre chemin.
Le plus grand objectif, que nous pouvons tous avoir en tant qu’artistes, est peut-être d’apprendre à développer notre propre « voix » individuelle – la seule qui peut exprimer nos aspirations personnelles et notre vision, mieux qu’aucune autre personne.
Le chemin
Mon âme d’artiste reçoit énormément de soutien et d’inspiration de divers enseignements philosophiques et spirituels. Le bouddhisme, entre autres, par sa simplicité pragmatique, met l’accent sur le calme et la joie du moment présent, la reconnaissance et le sens de la responsabilité personnelle. L’un de ses enseignements les plus fondamentaux est que «Nous devons marcher sur le chemin. Personne ne peut le faire pour nous». Ceci est une pensée joyeuse pour moi – pas une pensée de tristesse ou de solitude. Elle me dit que je suis sur le siège du conducteur de ma vie et que je peux modeler mon présent et, par conséquent, déterminer mon avenir.
Une autre citation simple mais puissante de l’homme sage lui-même, et qui résume parfaitement mes pensées sur la vie et la peinture est, « Le voyage est plus important que l’arrivée« . Absolument. J’espère qu’en tant qu’artistes nous sentons que nous sommes toujours en mouvement. Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre et des façons de progresser. Si jamais nous pensons que nous sommes arrivés, nous sommes finis.
Philosophie mise à part, quand nous apprenons à peindre, il est presque inévitable que nous soyons influencés par d’autres artistes plus établis qui font un travail que nous admirons. Cela est compréhensible et parfaitement OK. Mais ensuite, nous devons être de plus en plus à l’écoute de notre propre voix.
C’est par la pratique que nous commençons à l’entendre plus clairement.
Vibration des couleurs complémentaires en aquarelle
Comme tout artiste, j’aime la couleur, bien sûr. Je dis souvent que je ne peux pas franchir la porte d’un magasin de beaux arts sans la supervision d’un adulte. Je voudrais acheter chaque tube, chaque pinceau que je vois.
Dans la réalité, la couleur dans mes aquarelles, quoique cruciale, a une importance secondaire par rapport aux valeurs. Et ces deux éléments, couleurs et valeurs, passent à l’arrière plan, par rapport à l’idée primordiale, l’histoire, la vision.
Avec très peu de couleurs et un papier de qualité, on peut, en aquarelle, créer quelque chose de vraiment beau. Je mélange rarement mes pigments sur la palette, avant de les poser sur le papier. Je préfère leur permettre de se mélanger sur la surface et dans les fibres du papier lui-même.
Le bleu, par exemple, est pur, tempéré par d’autres couleurs avec lesquelles il se combine sur le papier.
Ma particularité est ma tendance à travailler presque exclusivement avec des couleurs complémentaires qui, fortement ou de manière plus subtile, m’aident à raconter l’histoire de la lumière.
Naturellement, quand deux complémentaires se rencontrent (toutes les variations des primaires de bleu, jaune ou rouge), cela crée plus ou moins un gris et on peut découvrir une infinie variété de tons. Mais la puissance des gris et de leurs demi-tons, juxtaposée à la vibration des couleurs plus pures, donne de la vitalité à mes aquarelles.
Les bleus vibrent et chantent quand ils se mélangent avec les oranges. Les violets sont autorisés à se fondre avec différentes teintes de jaune pour transmettre d’autres vibrations très différentes, souvent à une échelle inférieure.
Les tons rouges et chauds de la terre se fondent dans différents verts pour créer une infinité de superbes demi-teintes vives et transparentes qui ne cessent de me surprendre.
Au fil du temps, j’ai bricolé avec ma palette, en essayant de réduire le nombre des pigments essentiels et de trouver des couleurs plus stables et plus polyvalentes, me procurant une large gamme de possibilités créatives.
Je choisis des papiers texturés (à grain), supportant de nombreux « lavages ». Ils créent des valeurs plus convaincantes. Les pigments légers flottent à la surface du papier et les terres coulent dans les vallées. Quand elle est sèche, mon aquarelle semble plus chatoyante, plus vivante que sur une surface lisse. Les lavis semblent avoir plus de profondeur et de transparence et donnent cet effet de « encore humide » que je recherche. »
A bientôt, pour d’autres découvertes…
Très admiratif de vos travaux, c’est un e grande joie de découvrir vos aquarelles si lumineuses. Continuez à nous émerveiller
Merci pour vos encouragements. Personnellement, je ne suis qu’une modeste élève en aquarelle. Tous les tableaux ci-dessus sont de Thomas Schaller que j’admire énormément et dont j’essaie de m’inspirer.
Je lui ai donné la parole dans cet article car sa philosophie zen et ses conseils me semblent précieux pour tous les amateurs d’art.
Je suis admirative de ce peintre, j animé un atelier très modestement et bénévolement dans une association et je prend très souvent exemple ses œuvres pour expliquer aux élèves l importance de la lumière dans un tableaux, merci de publier vos aquarelles de temps en temps sur FBI