En peinture traditionnelle chinoise, peindre des paysages de montagne et d’eau est un acte spirituel autant qu’artistique.
Les paysages lacustres sont en harmonie avec l’âme chinoise. Les poètes évoquent « Les eaux cendrées du lac », « la pagode des six harmonies », en bordure du lac, ou dominant une cascade. En calligraphie chinoise, la peinture de paysages s’écrit souvent « peinture de montagne et d’eau ».
Le Maître a séjourné dans la montagne et s’est laissé traverser par tous les souffles de la nature. A présent, nature et peinture ne font plus qu’un. De retour à son atelier, il se laisse à nouveau pénétrer par la vision du paysage. C’est une alchimie de sensations que le travail de l’encre va traduire sur le papier. Aucun repentir, aucune erreur possible. L’encre s’incruste pour toujours dans le papier. Seuls le geste et le souffle comptent à présent.
Quand le peintre replace l’homme à l’échelle de la nature, il le représente minuscule, mais en harmonie. Le vide qu’il laisse dans chaque tableau, comme l’air et les nuages, permet la circulation des flux qui régissent l’univers. La beauté vient de tout ce que l’ensemble dégage de douceur et d’équilibre.
Peindre la montagne et l’eau est un acte spirituel autant qu’artistique car ces paysages nimbés de brume ont accompagné les méditations des sages et des poètes pendant des milliers d’années. Le peintre fait ainsi la synthèse de l’univers gouverné par les principes du Yin et du Yang. Ici, le Yin, c’est l’eau, le froid, le mouillé. Le Yang, c’est le chaud, le sol, la montagne. Yin et Yang se complètent et permettent l’équilibre et l’unité.
Pour en savoir plus
Shan Shui (en chinois : 山水 : « montagne-eau »)