Les 4 trésors de la peinture chinoise

On nomme Quatre trésors du lettré les outils que les calligraphes et peintres chinois utilisaient (et utilisent toujours) pour leurs œuvres d’art et de poésie.

Ils désignent le pinceau chinois, la pierre à encre, le bâton d’encre que l’on frotte sur la pierre et le papier de riz, outils intemporels utilisés depuis des milliers d’années dans la calligraphie chinoise et la peinture.

Le nom « Quatre trésors du lettré » remonte à l’époque de la Dynastie des empereurs Song (420-589) lors de l’invention des pinceaux et de l’encre.

Les Quatre Trésors de la Peinture Chinoise

Source : China Online Museum

 

Le Pinceau TraditionnelLes Quatre Trésors de la Peinture Chinoise - Les Pinceaux

Le pinceau traditionnel (‘bi’ – la brosse) existe depuis l’âge néolithique, mais il s’est répandu au cours de la période des Royaumes combattants (476 à 221 avant J.C). Il a été amélioré par Meng Tian, un général de la dynastie des Qin, (221-206 avant J.C). Les pinceaux étaient faits de poils d’animaux, généralement attachés à un bâton de bambou. Différents types de poils étaient autrefois utilisés, comme la chèvre, le bœuf, le lapin, le mouton, la martre, le blaireau, le cerf, le loup, chacun ayant certaines propriétés.

Les pinceaux chinois peuvent être classés selon leur taille : grande, moyenne et petite ; mais aussi leur force : douce (généralement en poils de chèvre), mixte (en poils de lapin, ou en poils mélangés de chèvre et de belette) et dure ou ferme (poils de belette). Les poils de différents animaux peuvent être combinés pour créer des textures différentes. Parmi les innombrables variétés de pinceaux, citons, pour l’anecdote, le pinceau en plumes de coq et celui en cheveux humains (!), réputés pour leur douceur.

On utilise les pinceaux à poils doux pour le velouté des fleurs, le pelage des mammifères, les plumes des oiseaux, etc. Les pinceaux à poils durs sont utilisés pour la calligraphie, pour peindre la structure des roches et pour les feuilles au dessin net, telles que les feuilles de bambou, les orchidées, etc.

Certains pinceaux sont de véritables trésors, du plus fin (comme pour signer une œuvre) au plus gigantesque, pour peindre sur le sol en le tenant à deux mains.

A la différence de la technique occidentale, le pinceau chinois est tenu verticalement pour la calligraphie et aussi pour la peinture de nombreux traits. La vigueur du trait dépend de la maîtrise du poignet (et non des doigts et de la main) qui transmet directement l’énergie de l’artiste à la pointe du pinceau.

 

L’EncreLes Quatre Trésors de la Peinture Chinoise - L'Encre

L’encre (‘mo’) est communément obtenue par la combustion du bois de pin ou d’une autre essence d’arbre dans un récipient en terre cuite. Le noir de fumée est mélangé à de la résine et de la colle, et comprimé sous forme de bâton d’encre, ou sous une autre forme. Les pièces antiques d’encre étaient offertes comme vœux de bonheur et de bonne fortune. Après mise en forme, il faut environ deux ans pour faire sécher l’encre, dans un environnement totalement sec et sombre.

Il existe de nos jours des bâtons d’encres de différentes couleurs.

 

La Pierre à EncreLes Quatre Trésors de la Peinture Chinoise - La Pierre à Encre

La pierre à encre est un encrier aplati, qui fait office de mortier, sur lequel est frotté le bâtonnet d’encre et dont les rebords retiennent l’encre obtenue par adjonction d’eau. L’eau est traditionnellement conservée dans un petit récipient en céramique muni d’un bec verseur. En mélangeant l’encre, broyée par frottement sur la pierre, avec différentes quantités d’eau, le calligraphe ou l’artiste peut créer des densités différentes et de nombreuses nuances de noir et de gris.

Il existe des pierres à encre et des bâtonnets d’encre, faciles à transporter dans le cartable, pour chaque écolier, mais aussi de véritables trésors pour les collectionneurs…

La préparation de l’encre sur la pierre est un processus très long, qui permet à l’artiste de se préparer mentalement, comme une méditation. Mais à l’époque actuelle où tout doit aller vite, l’encre liquide, en bouteille, est couramment utilisée.

 

Le Papier de RizLes Quatre Trésors de la Peinture Chinoise - Le Papier de Riz

Le papier de riz est généralement fabriqué à partir de la paille de riz ou de la farine de riz. Le papier traditionnel est très mince et très léger.

Plus ou moins encollé, il absorbe l’encre et la laisse fuser rapidement. Chaque trait doit être réalisé sans hésitation pour ne pas « baver ». Le coup de pinceau est plus ou moins appuyé, lent ou rapide, étalant une encre concentrée ou diluée.

Il existe de nombreuses qualités de papier de riz (nommé papier « Shuan »),cru ou façonné à chaud, simple, double ou triple épaisseur, pour le style spontané ou méticuleux.

La soie, traitée et non absorbante, est réservée au style méticuleux.

 

Parlons aussi d’un cinquième trésor :

Le Sceau ChinoisLes Quatre Trésors de la Peinture Chinoise - Le Sceau Chinois

Une calligraphie ou une peinture ne serait pas complète sans l’apposition du sceau personnel de l’artiste. Il est gravé dans une pierre tendre, comme de la stéatite, ou semi précieuse, comme le jade, et devient alors un véritable trésor, sculpté avec raffinement.

Les œuvres anciennes, transmises de génération en génération, possèdent de nombreux sceaux de leurs différents propriétaires.

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Pour conclure, disons qu’une peinture traditionnelle était accompagnée d’une calligraphie comportant un poème créé par l’artiste, de sa signature, de la date et de son sceau.

Vent dans les arbres sur le rivage

Vent dans les arbres sur le rivage, Ni Zan 1363

Traduction du Poème :

« Sur la rive où la nuit commence à tomber,
Les feuilles couvertes de givre, balayées par le vent, se font rares.
Tout se tait dans les broussailles.
Je pense à mon ami.
La lueur des collines a presque disparu. »

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